Djokovic, la consécration ultime
Au terme d’une finale absolument magnifique face à Carlos Alcaraz, le Serbe a remporté la médaille d’or olympique, seul titre majeur qui manquait encore à son immense palmarès.
Il est venu, il a vu, il a vaincu. A l’occasion de ses cinquièmes olympiades, Novak Djokovic est devenu le 5e joueur de simple de l’histoire à réussir le Golden Slam en carrière (remporter les quatre tournois du Grand Chelem et la médaille d’or olympique) après Andre Agassi, Steffi Graf, Rafael Nadal et Serena Williams.
Présente en tribune présidentielle, la championne américaine a forcément apprécié l’incroyable spectacle offert par les deux hommes pendant les 2h52 d’une finale qui restera longtemps gravée dans les mémoires (7/6(3), 7/6(2)).
Un véritable rêve pour celui que beaucoup considèrent comme le plus grand joueur de l’histoire. "Quand j’ai porté le drapeau de la Serbie lors de la cérémonie d’ouverture à Londres en 2012, je pensais que c’était le meilleur sentiment qu’un athlète pouvait ressentir," a-t-il lancé en conférence de presse.
"Mais c’était avant aujourd’hui. Ce moment dépasse tout ce que j’ai imaginé, espéré et vécu jusqu’ici. J’ai toujours dit que représenter mon pays a toujours été ma plus grande priorité et mon plus grand honneur, que ce soit en Coupe Davis ou aux Jeux Olympiques. Porter haut les couleurs de la Serbie est ce qui me motive le plus. J’ai gagné le bronze lors de mes premiers Jeux (à Pékin en 2008, ndlr) et j’ai ensuite échoué trois fois sur quatre en demi-finales. Aujourd’hui, à 37 ans, j’affronte un joueur de 21 ans, probablement le meilleur du monde actuellement. Il a gagné Roland-Garros, Wimbledon et il joue un tennis incroyable… Quand on prend tout ça en considération, c’est probablement le plus grand exploit de ma carrière."
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Un duel dantesque
Avant le début de cette affiche idéale, une question était sur toutes les lèvres : assisterait-on à un cavalier seul de l’un des deux protagonistes (comme aux finales ATP ou à Wimbledon 2024) ou à un feu d’artifice comme lors de leur épique finale de 3h49 à Cincinnati en 2023 ?
Leurs rencontres respectives dans ces Jeux de Paris 2024 faisaient pencher la balance vers la deuxième option, une hypothèse vérifiée dès les premiers jeux de ce 7e sommet entre les têtes de série n°1 et n°2. Après une demi-heure de match, le tableau des scores était encore bloqué à 2-2.
Malgré la tension et l’énorme enjeu, les deux finalistes se sont rendus coup pour coup, des banderilles le long des lignes aux amorties léchées en passant par des passings venus d’ailleurs et des contre-pieds imparables. Les frappes cliniques ont succédé aux échanges marathons pour défendre des jeux de service tendus ou au contraire, pour mettre la pression dans des moments clés.
Encouragés et ovationnés par des spectateurs ébahis par le récital tennistique offert ce dimanche, le Serbe et l’Espagnol ont constamment évolué ensemble à leur meilleur niveau (25 coups gagnants et 25 fautes directes pour Djokovic, 41 coups gagnants et 33 fautes directes pour Alcaraz).
Et puisqu’il n’y a eu que des hauts et très peu de bas, il était écrit que le gain des manches se disputerait via des tie-breaks aussi irrespirables que fondamentaux. En effet, fait assez rare, malgré 14 balles de break (6 pour le médaillé d’or, 8 pour le médaillé d’argent), les deux hommes n’ont jamais perdu leur engagement. Particulièrement efficace dans ce secteur (74% de premières balles et 78% de points gagnés derrière celle-ci), le tennisman le plus âgé à disputer une finale depuis le retour du tennis comme discipline olympique n’a d’ailleurs pas concédé la moindre opportunité dans la deuxième manche.
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"Probablement ma dernière chance de gagner l’or"
Légèrement crispé et plus nerveux qu’à l’accoutumée sur le court, le protégé de Juan Carlos Ferrero – exceptionnellement présent dans sa box pour l’occasion – a craqué dans ces instants fatidiques alors que son niveau de jeu lui aurait sans doute permis de gagner contre n’importe quel autre adversaire. Interrogé en conférence de presse sur le fait d’avoir été submergé par l’émotion à l’issue du match, le plus jeune joueur à rallier une finale olympique depuis Séoul 1988 a confié qu’il était tout de même fier de son aventure.
"Novak voulait absolument gagner cette médaille d’or et il a réussi. Dans les tie-breaks, il a été très impressionnant, il avait faim de victoire aujourd’hui, il a été meilleur […] A la fin du match, je n’avais pas l’esprit très clair et j’étais très ému parce que j’ai eu l’impression d’avoir laissé tomber les Espagnols qui attendaient que je gagne une médaille d’or. Mais maintenant, je réalise que qu’ils sont fiers et je suis très heureux d’avoir remporté ma première médaille olympique et d’avoir été en finale."
"C’est un moment très spécial pour moi, ma famille, mon équipe et pour l’Espagne. J’aurais voulu gagner cette rencontre mais je suis content d’avoir ramené une médaille pour mon pays. Je vais apprendre beaucoup de cette expérience et devenir encore meilleur."
De son côté, Novak Djokovic aussi était en larmes mais il s’agissait bien évidemment de joie et de soulagement après cette 19e victoire olympique (record), le plus beau succès de son exercice 2024 et l’un des plus importants d’une carrière pourtant déjà exceptionnelle. A genoux sur la terre battue de la Porte d’Auteuil avant de rejoindre son clan et sa famille pour partager son immense bonheur, l’homme aux 24 titres du Grand Chelem, 40 Masters 1000, 7 ATP Finals et désormais 1 titre olympique est encore un peu plus entré dans la légende de son sport alors qu’il semblait traverser une phase plus compliquée de sa carrière.
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"Cette année a été bizarre pour moi, je n’ai pas gagné le moindre titre, ce qui ne m’est pas arrivé depuis longtemps, a-t-il répondu aux très nombreux journalistes présents en salle de presse. Les Grands Chelems et les Jeux Olympiques étaient mes plus grands objectifs, en particulier les Jeux parce que c’était probablement ma dernière chance de tenter de gagner l’or."
"J’ai essayé de me préparer le mieux possible pour Roland-Garros, Wimbledon et les Jeux Olympiques. Je voulais monter en puissance pour cet événement mais je me suis blessé ici il y a quelques semaines. J’ai réussi à jouer Wimbledon, je n’en attendais pas grand-chose mais j’ai disputé la finale, ce qui était déjà énorme. J’ai été dominé par Alcaraz, qui était un bien meilleur joueur."
"Mais durant ces Jeux Olympiques, j’étais un meilleur joueur qu’à Wimbledon en termes de mouvements, de jeu, de sensations etc. Jouer à Londres était important pour retrouver de la confiance. Je n’avais pas besoin de motivation en plus pour jouer les Jeux parce qu’il n’y a pas mieux que de représenter mon pays. J’étais prêt pour ce tournoi, je n’ai pas perdu un set et j’ai senti dès les premiers tours que c’était ma chance, que si ça devait arriver, ce serait cette année. Quand je me suis qualifié pour la finale, c’était un gros soulagement parce que j’avais déjà fait mieux que par le passé. Je voulais l’or mais ça voulait dire qu’il fallait gravir la plus haute montagne du moment."
Une nouvelle ascension réussie pour le Serbe qui a expliqué avec humour que son équipe devrait sans doute le supporter encore quatre ans car il a l’intention de disputer les Jeux de Los Angeles en 2028. L’histoire olympique du joueur le plus titré de la discipline n’est donc sans doute pas terminée…
The #Paris2024 Men's Singles podium ✨
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Gold: Novak Djokovic 🇷🇸
Silver: Carlos Alcaraz 🇪🇸
Bronze: Lorenzo Musetti 🇮🇹#Olympics | #tennis pic.twitter.com/y5vxyvO83r